Festival d’Avignon 2009: La mélopée obsédante de la prière coranique a enveloppé l’un des lieux les plus emblématiques de la Cité des papes : le Cloître des carmes

On imagine que Kaegi a voulu avec Radio Muezzin nous offrir une vision de l'Islam au plus proche de la réalité de ceux qui la vivent

Lui c’est Mohammed Ali [voir photo], recordman de lecture du Coran, culturiste à ses heures perdues, muezzin dans la plus grande mosquée du Caire. Depuis une semaine il est aussi l’un des quatre personnages principaux de la nouvelle pièce de Stefan Kaegi Radio Muezzin, rapporte Steffi sur son blog. Au soir du 22 juillet, sur le coup de 22 heures, la mélopée obsédante de la prière coranique a enveloppé l’un des lieux les plus emblématiques de la Cité des papes : le Cloître des carmes. Le public en est resté assez médusé, souligne Fabienne Darge dans Le Monde.
« Sur la scène, quatre vrais muezzins égyptiens qui exercent leur métier au Caire, dans une des très nombreuses mosquées de la ville. Ils ont en commun leur foi et leur origine (pauvre). L’un est aveugle, l’autre invalide depuis un accident de travail. Celui-là est ancien paysan reconverti. Le plus jeune, culturiste taillé dans la pierre des pyramides, a remporté le deuxième prix du concours mondial de déclamation du Coran et surfe sur Internet sous nos yeux. Alignés en rang d’oignons sur le plateau entièrement recouvert de tapis de prière et sous des ventilateurs suspendus à l’identique des mosquées, ils nous ouvrent les uns après les autres leur album familial qui défile sur quatre écrans nichés sous les arcades du cloître des Carmes », explique Marie-José Sirach, envoyée spéciale de l’Humanité au Festival d’Avignon. Et d’ajouter: « Les temps sont durs. La crise est mondiale. Même l’Égypte n’est pas épargnée par les délocalisations. C’est ainsi qu’on apprend que le matériel utilisé pour la prière n’est plus fabriqué à la maison mais en Chine et que le gouvernement égyptien envisage d’imposer le muezzin centralisé et préenregistré. Histoire de mettre fin au cafouillage sonore lors de l’appel à la prière. Histoire de faire des économies. Le muezzin est un fonctionnaire qui dépend du ministère des Affaires religieuses. Il y a de la restructuration dans l’air. Mais que font les syndicats ? Et Dieu dans tout ça ? […] »