Après les raids israéliens, les exactions du hamas
Diplomatie balbutiante et terreur à Gaza
Par : M. A. Boumendil
Lu : (6052 fois maisl’article éa été retiré de la diffusion sur le Net par la rédaction du quotidien algérien Liberté )
Après 22 jours d’intenses bombardements israéliens et d’une invasion de l’armée de Tsahal qui ont fait près de 1 500 victimes, dont de nombreux enfants, la population de la bande de Gaza n’en finit pas de souffrir, malgré un fragile cessez-le-feu, qui permet un semblant de retour à une vie normale.
Le calvaire de la population n’est pas terminé, loin s’en faut. Après l’offensive criminelle de l’armée israélienne, c’est au tour de la sécurité intérieure du Hamas de semer la terreur. Le premier témoignage sur les exactions de la branche armée des islamistes du Hamas vient du reporter palestinien de la chaîne de télévision France 24, invité il y a quelques jours sur le plateau, après avoir miraculeusement réussi à quitter la bande de Gaza, grâce à l’aide de journalistes français. Il a fait état sans ambages des violences de la faction armée du Hamas contre les civils palestiniens suspectés de sympathie pour le mouvement Fatah du président Abbas, ou accusés de “collaboration avec l’ennemi”. Il a affirmé, à cette occasion, que la population de Gaza était prise en otage entre les agressions d’Israël et la répression du mouvement islamiste.
Pour leur part, le quotidien français Le Monde et l’agence de presse AFP rapportent des témoignages accablants à ce sujet. Ainsi, “le Hamas multiplierait les exactions contre ses rivaux du Fatah, pour maintenir son emprise et écraser toute velléité de contestation après l’offensive israélienne”, selon des ONG présentes sur les lieux, comme le Centre Addameer et le Centre palestinien pour les droits de l’Homme. Ces organisations ont indiqué que plusieurs membres du Fatah ou des personnes accusées de collaboration avec Israël ont été attaqués par les services de sécurité du Hamas. “Il y a eu des dizaines de cas d’exactions dans l’ensemble du territoire pendant et après la guerre. Il y a eu de graves violations des droits de l’Homme et des enquêtes doivent être menées”, a déclaré un avocat d’Addameer, dont l’organisation affirme détenir les preuves de l’exécution de dix prisonniers accusés de collaboration.
Selon d’autres témoignages, des hommes armés et cagoulés se rendent de nuit au domicile des personnes jugées suspectes pour les arrêter, les blesser ou les tuer. Un enseignant de 50 ans, membre du Fatah, a été retrouvé jeudi à la morgue de l’hôpital Chifa après avoir été enlevé à son domicile. Un autre partisan du Fatah, âgé de
51 ans, a été abattu chez lui et dix membres de sa famille, dont une gamine de 7 ans et une vieille de
70 ans, ont été blessés par balles. Si le porte-parole du gouvernement Hamas a démenti plusieurs fois ces informations qu’il qualifie d’allégations de ses rivaux du Fatah, le Front populaire pour la libération de la Palestine, lui, les confirme.
Dans un communiqué rendu public vendredi, le FPLP dénonce en effet “les pratiques terroristes et répressives des services de sécurité du Hamas”. En outre, des dizaines d’ONG européennes et non européennes envisagent des actions judiciaires contre l’État d’Israël pour sa dernière offensive à Gaza. Avant cela, c’est la justice espagnole qui a ouvert, jeudi passé, une enquête pour “crimes contre l’humanité”. L’enquête concerne un bombardement sur Gaza le 22 juillet 2002, qui a provoqué la mort d’un dirigeant du Hamas et de 14 civils dont des enfants et des bébés. Elle cible le ministre de la Défense de l’époque, Benjamin Ben-Eliezer et six hauts responsables militaires. La plainte a été formulée par le Centre palestinien pour les droits de l’Homme et a été déclarée recevable par le juge espagnol Fernando Andreu. L’actuel ministre de la Défense de l’État hébreu, Ehud Barak, a violemment réagi à l’initiative du juge madrilène, qu’il a qualifiée de “délirante”, et a affirmé tout entreprendre pour arrêter la procédure. La révélation des exactions du Hamas sur les populations civiles n’est pas de nature à favoriser son éligibilité au rang d’interlocuteur dans la recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien. Les suggestions, à ce sujet, du président français qui voulait se mettre en harmonie avec les propos du nouveau président américain se voient contrariées, surtout que de nombreux partenaires européens ne veulent pas en entendre parler, à commencer par l’Allemagne et la République tchèque qui préside présentement l’Union. Aussi, on peut penser que la tâche de l’émissaire américain s’en trouvera compliquée davantage qu’elle ne l’était déjà. Pourtant, rien n’est moins sûr. George Mitchell est un diplomate rompu aux techniques de la négociation et il pourrait, au contraire, exploiter à bon escient les pressions qui s’exercent à la fois sur le Hamas et sur l’État hébreu pour les amener à de possibles compromis. En effet, deux éléments psychologiques semblent déterminants pour le succès éventuel de l’envoyé spécial de la Maison-Blanche. Si les dirigeants du Hamas sentent qu’ils ont la moindre chance d’être reconnus comme interlocuteurs, il y a fort à parier qu’ils se départiront, ne serait-ce que formellement, de la rigidité de leurs positions et de certains aspects condamnables de leur comportement. De même, si des pressions fortes continuent de s’exercer sur l’État d’Israël et que ses dirigeants ont le sentiment qu’ils ne bénéficieront pas éternellement de l’impunité et de la mansuétude de la communauté internationale, ils n’auront d’autre choix que de collaborer à la recherche d’une solution négociée.
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Pingback: Le Monde: A Gaza, des ONG dénoncent la répression du Hamas « Citoyens Européens pour la Paix / European Citizens for Peace - 2 février 2009