
Franck Frégosi, chercheur au CNRS: L’Institut Avicenne va dispenser des matières religieuses. Je ne pense pas que l’établissement puisse se prétendre sans convictions religieuses. » (2006)
Source: La Voix du Nord 24 Mai 2009 | À partir de demain lundi 25 Mai et jusqu’à mercredi, l’Institut Avicenne des sciences humaines (IASH) organise la huitième édition du « Congrès européen des représentants religieux », rapporte La Voix du Nord. « Laïcité ne veut pas dire athéisme. L’Europe est une chance pour tous. Il ne faut pas nier l’importance de ses composantes religieuses », rappelle Mohamed Bechari, le président de l’Institut Avicenne au journaliste du quotidien. La formation des imams est le but principal de l’établissement qui veut également enseigner la sociologie de l’Islam en Europe. Outre la formation des imams, voir celle de personnels publics, l’institut veut enseigner la langue Arabe, (une suite logique puisque celle-ci est considérée comme une langue sacré par les musulmans), et différents aspects des cultures arabes. Mohamed Bechari, président de la Fédération Nationale des Musulmans de France et président de l’Institut Avicenne, a mené la charge contre Michel Houellebecq. Deux ans plus tard, pendant la crise des journalistes français otages en Iraq, les dirigeants musulmans installés en France flairent l’occasion de gagner une légitimité aux yeux des pouvoirs publics en se posant en médiateurs. Mohamed Bechari déclenche une vive polémique lorsqu’il pousse le zèle jusqu’à s’envoler au Qatar. Possédant ses entrées dans les milieux proches de l’islamisme, il rencontre Abassi Madani, le chef historique du Front Islamique du Salut qui vit dans ce pays en exil. Le président de la Fédération National des Musulmans de France s’affiche devant les appareils photos des journalistes en train de lui faire l’accolade et de l’embrasser [voir photo]. Son attitude provoque en particulier la colère des représentants de la Grande Mosquée de Paris au sein du Conseil Français du Culte Musulman, qui sont proches du pouvoir algérien, (le FNMF de Bechari est proche de l’Etat Marocain). Détail troublant, c’est l’état du Qatar qui finance en partie l’Institut Avicenne. En Avril 2005, Mohamed Bechari est devenu un membre permanent de l’ académie du Fiqh, une organisation qui a été créée suite à une décision prise en 1981 lors de la troisième conférence islamique à la Mecque. L’académie, qui dépend de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), réunit des scientifiques et des intellectuels avec pour objectif d’examiner les problêmes de la vie moderne du point de vue islamique. (9) Si Béchari déclare au sujet de la création de l’institut qu’il dispensera «une formation civique pour fonctionner dans le cadre de la Laïcité» son appartenance à une institution pour laquelle tout les problêmes de société se mesurent à l’aune de la Chari’a et se résolvent par l’application de celle ci ne peut que faire douter de cet attachement à la Laïcité. D’autant plus que l’académie du Fiqh est un des partenaires officiels de l’institut avicenne. Chaque année, elle émet une série de recommandations. Dans ses résolutions émises en 1992, consacrée à l’ «invasion culturelle» du monde arabe par l’occident, elle recommandait:
«1/ Oeuvrer à l’application de la Chari’a islamique en tant que méthode pour définir nos relations politiques tant locales qu’internationales. […] 5/ Dissiper les doutes suscités par les ennemis de l’islam et cela en faisant appel aux scientifiques saints […]»
Cette centralité de la Charia n’est pas un fait nouveau à la FNMF de Mohamed Bechari. Interrogé en 1992 par Jean-Paul Mari, un journaliste du Nouvel Observateur, Daniel Youssouf Leclerc, un converti et un des membres fondateurs de la FNMF, qui en était à l’époque président, avait déclaré que « Si demain on avait une majorité dans ce pays, pourquoi est-ce qu’on imposerait pas la Charia progressivement ? Ca vous dérange? Tant pis ! » [Aziz, Philippe. « Le paradoxe de Roubaix » éd. Plon, Ch IV au nom du Djihad, p 90-91]
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