Istanbul: Un Turc a été arrêté pour avoir projeté d’assassiner des rabbins

Synagogue Neve Shalom, la communauté juive compte environ 20 000 personnes en Turquie

Les quotidiens turcs Hürriyet et Milliyet annoncent qu’un Turc a été arrêté puis inculpé à Istanbul pour avoir projeté d’assassiner des rabbins dans cette ville ou vit une communauté juive de plus de 20.000 personnes. Ismet Rençber, charpantier  domicilié à Kars (à l’est de l’Anatolie), a été arrêté par la police antiterroriste à son arrivée à Istanbul après une filature de plus de deux mois,  suite à une lettre de dénonciation anonyme. Ismet Rençber aurait demandé par téléphone récemment du travail  à une synagogue de la ville. Les responsables communautaires ont alerté la police trouvant la demande de l’intéressé suspecte. L’homme, arrêté mercredi 23 juin chez son beau-frère à Küçükçekmece, dans une banlieue d’Istanbul, a affirmé « haïr les juifs » lors de son interrogatoire, mais a nié avoir l’intention de tuer des dirigeants religieux de cette petite communauté juive de cette métropole de plus de 12 millions d’habitants.. Le suspect a été inculpé et incarcéré dans une prison de la ville. La police métropolitaine, interrogée par l’AFP, n’a pas souhaité faire de commentaire.
Les juifs de Turquie s’inquiètent des conséquences éventuelles sur leur communauté de la grave crise entre Israël et la Turquie, avait déclaré le 3 juin à l’AFP Ivo Molinas, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Salom publié à Istanbul.
« Nous sommes inquiets bien sûr, parce que ça tourne très facilement à l’antisémitisme« , a déclaré I. Molinas. « La rhétorique employée par le Premier ministre était très radicale », a-t-il observé. Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait eu mardi 2 juin, pour le deuxième jour consécutif, des mots très durs contre Israël, suite à l’opération israélienne contre la flottille pro-Hamas « d’aide » à Gaza.
Il a demandé que l’État hébreu soit « absolument puni » pour son « opération inhumaine », au cours de laquelle neuf passagers ont été tués, à bord du ferry turc Mavi Marmara qui faisait partie de l’expédition. Plus de 20 000 personnes ont manifesté contre l’État hébreu, brûlant des drapeaux israéliens, en particulier à Istanbul.
« Mais le Premier ministre avait aussi dit hier [2 juin] qu’il était contre l’antisémitisme. Il le dit à chaque crise mais il l’a répété hier. Et lui-même, et les leaders de l’opposition, nous ont dit que tout cela n’avait rien à voir avec les juifs de Turquie », a ajouté Ivo Molinas, dont le journal hebdomadaire tire à 5 000 exemplaires. Le président de la communauté juive, Sami Herman, a déclaré qu’il ne souhaitait pas pour le moment parler à la presse.
Les multiples échéances électorales, mais aussi la politique islamiste du gouvernement AKP du premier ministre Erdogan, favorisent un radicalisme religieux. Dans ce pays musulman à 99 % (75% en 1914), les minorités religieuses sont les premières à en faire les frais. Elles sont montrées du doigt et prises à partie par les islamistes ultranationalistes, de gauche comme de droite.
Un prêtre italien, Andrea Santoro, a été abattu en 2005 par un adolescent de 16 ans à Trabzon, sur la mer Noire. Un prêtre français a été blessé à coups de poignard à Samsun, dans le nord. La même année, le 19 janvier, un journaliste d’origine arménienne, Hrant Dink, a été abattu par un jeune chômeur à Istanbul. Il était détesté des milieux nationalistes parce qu’il écrivait contre la position officielle de la Turquie, qui nie le génocide arménien de 1915… Le triple meurtre des missionnaires évangélistes, un Allemand et deux Turcs convertis, dans leur maison d’édition, Zirve, qui distribuait la Bible, à Malatya (une ville conservatrice et religieuse à 660 km à l’est d’Ankara, celle d’Ali Agça, l’homme qui avait tenté d’assassiner le pape Jean-Paul II en 1981) en 2007, soulignent les menaces qui se multiplient contre les minorités dans ce pays.

Ismet Rençber, domicilié à Kars (est Anatolie), a été arrêté par la police antiterroriste