
Le Sabre et le Coran / Tariq Ramadan et les Frères musulmans à la conquête de l'Europe - Paul Landau aux éditions du Rocher 2005
On peut déceler différentes manifestations de l’angoisse et de l’enthousiasme des pionniers dans les réactions des « islamistes » au référendum en Suisse sur l’interdiction de la construction de nouveaux minarets, souligne l’écrivain palestinien Hassan Khader sur le site Metransparent.com. Extraits de la traduction de l’arabe par Courrier International.
Plusieurs mouvements ont déjà réagi à l’événement et l’on va relever bientôt un nombre incalculable de discours, et de déclarations qui reproduiront deux arguments que l’on entend depuis une trentaine d’années : 1- la victimisation qui veut que les musulmans souffrent de la persécution et de l’hostilité de l’Occident chrétien. 2- l’hypocrisie de cet Occident qui cesse d’être démocratique et tolérant dès qu’il s’agit des musulmans.
Le point départ du phénomène islamiste est né du rejet des idéologies modernes et s’est appuyé sur l’existence d’une nation (oumma) islamique transfrontalière bien meilleure que les nations constituées à partir d’une langue, d’une race ou d’une géographie, comme les nations arabe, turque, iranienne, etc. Partant du fait que toute nation a sa géographie sacrée mêlant errances historiques, intérêts propres, semi-vérités et malentendus, l’Islam politique a pour principale ambition de restaurer l’espace sacré de l’ancien monde (Dar al-Islam/la terre d’Islam) morcelée par les nationalismes ethniques naissants et écrasé par l’Etat moderne, puis de retracer les frontières avec l’espace de l’impur (Dar al-Harb/ l’espace de la guerre), défigurées par les temps modernes, et qui, avec la mondialisation, ont perdu leur signification.
Ce mouvement mène ainsi le combat sur deux fronts : contre les nationalismes ethniques et les Etats modernes qu’il faut éliminer et contre l’Occident qu’il faut redéfinir comme l’ennemi. – C’est dans ce contexte qu’ont été réhabilités les qualificatifs d’impie, de Dhimmi [non musulman en terre d’Islam], qui n’étaient plus utilisés au vingtième siècle parce qu’appartenant à un passé révolu. Ces termes ne sont plus appliqués uniquement aux occidentaux mais aussi chrétiens arabes qui doivent redevenir des dhimmis après avoir été, à l’ère des indépendances, des citoyens à part entière.
La double guerre menée par l’Islamisme en fait un combat sur les frontières séparant les nouvelles entités étatiques qui doivent « reconstituer » la terre de l’Islam mais aussi un combat à l’intérieur de chaque Etat entre les religions et les confessions. Des guerres ouvertes rendues plus compliquées par la présence aujourd’hui de nombreux musulmans en Occident. Ces raisons ne permettent pas d’envisager la moindre réforme dans le projet de l’Islam politique. Celui-ci représente un mouvement visant à défaire et refaire le monde. C’est pourquoi son ascension conduit à chaque fois à des guerres civiles larvées ou déclarées. C’est déjà le cas en Afghanistan, au Soudan et en Somalie et pourrait l’être demain au Yémen, en Egypte, en Algérie, en Irak, en Palestine… Quant à l’Occident où se situe l’espace de guerre, les opérations terroristes sont qualifiées par les islamistes du terme moyenâgeux de « conquête/razzia ». Mais est-il tolérable au début du XXIème siècle de revenir à la géographie du sacré et de l’impur qui appartient au Xème siècle ?[…] Lire l’intégralité da la traduction
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