
Comment répondre à ce défi autrement qu’en construisant au Levant, le kaléidoscope des ethnies et des religions et confessions qui le composaient ; en invitant à y revenir
« […] Si les juifs européens constituèrent le gros des première et troisième (après la chute du Mur de Berlin) vagues d’immigration, ceux originaires des pays arabes formèrent le principal de la deuxième vague qui se termina peu avant la guerre de 1967, suivie par le déplacement des juifs libanais au milieu des années 80. Or à en croire le rapport CIA World Fact de 2005, la population juive d’Israël serait à moitié d’origine arabe, 38.6% émigrée et le reste né en Israël. Nous confrontons donc un état hébreu dont la population juive est à 50% d’origine arabe, à laquelle s’ajoute des juifs d’autres origines mais qui sont nés en Israël et ne connaissent que lui comme pays ; si on compte aussi les communautés arabes non juives mais minoritaires dans le Levant et qui s’accommodent de la domination juive, ou qui lui ont prêté allégeance, le schéma d’une lutte anticoloniale qu’on nous a inculqué depuis toujours commence à s’effriter dangereusement. Ainsi, quand on leur conseille gentiment en juillet 2006 de quitter leurs foyers pour laisser les coudées franches aux lanceurs de roquettes à partir du Liban, les palestiniens de 1948 font la sourde oreille. On dira ce qu’on voudra, mais il est indéniable que les leçons de la Nakba de 1948 ont été très bien assimilées. Quant aux Alaouites qui occupent la partie libanaise du Ghajar, ils ont vite fait leur choix entre être frères syriens chez nous, ou rester israéliens à part entière sur nos terres occupées. L’attitude conciliante du Hezbollah à leur égard reste à ce propos, assez ambigüe.
Peut-on alors dire que le conflit avec Israël est en train de muer en une sorte de guerre civile arabe sur fond religieux? Une question à méditer profondément tant la portée d’une telle affirmation est grave puisqu’elle justifierait de fait le principe du transfert de populations et légitimerait par ricochet, l’implantation des palestiniens sunnites dans les pays qui les ont accueillis, dont le Liban, à la place des juifs qui ont quitté les contrées arabes pour s’installer en Israël.[…] Confronter les visées d’un Israël colonialiste est radicalement différent que s’opposer à un état composé principalement de juifs arabes et d’autres arabes qui les soutiennent. Israël état arabe, ne serait plus du domaine de l’impossible – même si l’idée doit en faire sourire plus d’un. En ayant incorporé des juifs de tous les pays arabes et en leur ayant fourni l’identité à laquelle ils aspiraient, Israël n’aurait-il pas, comble de l’ironie, réalisé hors du moule musulman, l’embryon du rêve d’Union arabe ?[…] »
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