Libération 12.01.2009 Tribune / Daniel Franco philosophe | […] Qu’on me comprenne bien. Ce qui se passe depuis une douzaine de jours à Gaza est une tragédie pour les Gazaouis. Je ne suis pas de ceux qui pleurent les combattants du Hamas, mais je vois bien qu’il y a parmi les victimes de très nombreux innocents, y compris de tout jeunes enfants. La bombe ne sonde pas les âmes. Elle n’a d’autre sagesse que la sagesse des nations pour laquelle ceux qui sont rassemblés forcément se ressemblent.
Israël est un pays éminemment critiquable et critiqué, agressif et agressé. Les événements récents ne font pas exception. L’opération «plomb durci» est de toute évidence agressive, critiquable et de fait, elle est largement critiquée. Les Israéliens, certes, pouvaient difficilement ne pas réagir à ce qu’on appelle les provocations du Hamas, provocations qui sont en réalité des tirs de missiles, mais généralement si imprécis qu’on en est venu à oublier que leur vocation initiale était de tuer. La riposte israélienne, légitime de ce point de vue, est-elle par ailleurs hors de proportion ? Sans aucun doute, les victimes, les dégâts, la pénurie occasionnée, tout cela est excessif.
Comme à leur habitude, les élites auront su tirer de ce scénario tragique quelques rôles frôlant la comédie : diplomates sans voix, belles âmes intarissables. Mais dans la rue, toutes les rues au monde, tous les jours, des milliers manifestent. La chaux politique à nouveau est vive. Quelques esprits chagrins ont déploré qu’Israël seul opérât cette miraculeuse résurrection des morts, tandis que les alarmes en provenance des autres parties du monde – au premier chef desquelles le Darfour – ne parvenaient jamais à troubler le sommeil des justes, à ternir le Noël des nantis. Cela tient aux équivoques, pointées plus haut, de la mondialisation. C’est en effet les audiences et les spectateurs qu’on s’emploie à mondialiser, non à varier les diffusions et les spectacles. Grâce à Israël, toutes les différences s’estompent. Dans les rangées des manifestants, il n’y a plus ni pacifiste, ni pogromiste, tous font un dans la réprobation d’Israël. «Paix pour la Palestine» et «Mort aux juifs» alternent comme le temps faible et le temps fort d’une même séquence rythmique.[…] Lire l’intégralité de l’article
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