« Une guerre juste, juste une guerre » par Christophe Barbier – L’Express publié le 14.01.2009 | C’est par-delà l’horreur qu’il faut réfléchir. C’est au-delà des images, ou malgré leur censure, qu’il faut penser les conflits. Il n’y a pas plus aveugle qu’un militaire ni pire sourd qu’un terroriste.[…] Depuis que Tsahal est entrée dans la bande de Gaza, les opinions de surface tonitruent, le manichéisme plastronne et l’esprit de finesse se cantonne à la question de la poule palestinienne et de l’oeuf israélien: les roquettes du Hamas sont-elles la cause de la guerre ou bien est-ce le blocus imposé par Tel-Aviv?
On ne peut pourtant en rester là, et il faut chercher dans les décombres celle qui est, comme toujours, la première victime : la vérité – au moins, extirper quelques-uns de ses tessons de la boue des mensonges et de la propagande.[…] Deux Etats en coexistence armée, séparés par des murs s’il le faut, aux économies viables: tel demeure l’objectif. Quels leaders israélien et palestinien le proposeront ? Vivre ensemble est impossible, vivre côte à côte suffira. Voisins sans être amis, Israël et Palestine auront alors la nuit des temps pour se confronter sans s’affronter. Parce qu’il est question de religion, la réconciliation n’adviendra jamais : Dieu ne se prête pas aux traités de paix. Mais, parce que l’âge politique est laïque, il sera possible de rendre vivable cette éternelle antipathie. Les chiens de faïence ne mordent pas et les générations futures se parleront. Peut-être.
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Des fonds français pour le Hamas?
Par Pascal Ceaux, Eric Pelletier, publié le 14/01/2009 L’express.fr
Des associations sont soupçonnées d’apporter un soutien financier aux islamistes de Gaza. Mais, dans l’Hexagone, la cause palestinienne ne suscite pas de vocation guerrière.
Chèques, promesses de dons, virements postaux… Le déclenchement de l’opération israélienne dans la bande de Gaza a eu, en France, un effet immédiat: le Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP) a vu sa collecte de fonds prospérer plus vite qu’à l’ordinaire.
Depuis au moins trois ans, l’association loi 1901, dont le siège est à Paris, réunit chaque année environ 5 millions d’euros. L’argent est ensuite transféré en Egypte, où une autre association s’occupe de l’affecter à des projets humanitaires à Gaza, ainsi que dans les camps palestiniens au Liban.
Seulement voilà: ni Israël ni les Etats-Unis ne croient à cette version. Pour les deux alliés, le CBSP est un financier occulte du Hamas, actuellement en guerre avec l’Etat hébreu. Ils l’ont d’ailleurs classé au nombre des organisations terroristes. George W. Bush lui-même a cité comme telle l’association installée en France dans un discours officiel en 2003.
Signalé au service antiblanchiment
De ce côté-ci de l’Atlantique, le CBSP a aussi fait l’objet de soupçons. Mais ils n’ont jamais été confirmés. Fondé en 1990 à Nancy par deux étudiants palestiniens, le comité dispose de bureaux à Lille, à Lyon et à Marseille. En 2001, le Crédit lyonnais, qui était alors sa banque, avait signalé à deux reprises à Tracfin, le service antiblanchiment du ministère de l’Economie et des Finances, des mouvements de fonds suspects. Les vérifications n’ont pas abouti à la découverte de la moindre infraction. Elles n’avaient eu qu’une conséquence: le CBSP avait claqué la porte du Crédit lyonnais pour rallier La Poste !
« Ces accusations sont incroyables, affirme le porte-parole du comité, Youcef Benderbal. Nous n’avons aucun lien organique ni avec le Hamas ni avec le Fatah. Nous effectuons un travail humanitaire. Nous venons de débloquer 500 000 euros pour les hôpitaux de Gaza. Et les camions de médicaments sont stoppés à la frontière égyptienne, alors que la situation est catastrophique. »
L’intérêt porté par les services de renseignement français aux associations caritatives musulmanes d’aide aux Palestiniens s’est renforcé depuis le début de la décennie. Quand, en 2001, George W. Bush a gelé leurs avoirs sur le territoire américain, l’Europe – la Grande-Bretagne et la France, au premier chef – est devenu la principale zone de collecte de fonds. Selon Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l’Orient, « au lendemain de la guerre du Golfe, en 1993 et 1994, près de 30 % des fonds collectés par le Hamas provenaient déjà de France ».
Le Hamas mène une lutte nationale
Pour autant, le Hamas, ainsi que l’ensemble des groupes palestiniens en conflit avec Israël, n’est pas considéré comme une menace directe pour la France. « Il ne prône pas un djihad global, tel Al-Qaeda, explique un spécialiste des services. Sa lutte est d’abord nationale. Les attentats suicides visent uniquement le territoire israélien. »
En dépit des images du conflit en provenance de Gaza, la cause palestinienne ne semble pas non plus susciter de vocation guerrière en France, à la différence de l’Afghanistan et de l’Irak. Au cours des derniers mois, les services de renseignement français ont eu connaissance d’un seul cas: celui de deux frères arrêtés en Egypte en mars 2008. L’un d’eux était soupçonné de vouloir rejoindre les combattants palestiniens à Gaza. Il a été expulsé. Mais, à son retour en France, il n’a pas été poursuivi.